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16 juillet 2011

Peace was never an option.

Le timing du contrat était très mauvais, en plus de m'avoir arraché au confort de façon brusque , il est quasi-impossible de trouver un studio ou une collocation libre en milieu de mois, les contrats de location étant effectif qu'à partir du 1er, et c'est bien normal... Après 2 nuits passées chez ma préceptrice, j'eu à me résoudre de loger ailleurs afin de ne pas abuser de leur gentillesse. Pas d'autre choix que l'auberge de jeunesse, rappelant au passage pleins de souvenirs (et une de meilleures célébrations d'anniversaire), qui offrait tout de même un confort relatif mais ne constituait pas réellement un moyen de vraiment se (re)poser.
Mes journées ne connaissait pas de pauses déjeuner, celle-ci dédiées entièrement à la recherche de logement, j'ai tenu 3 jours comme ça jusqu'à craquer. Je me sentais si mal et je ne voyais pas quelque chose de concret apparaître à l'horizon. 2 jours que j'avais commencé le taf, je n'y était pas encore installé, je n'avais pas encore à ma disposition le logiciel afin de pouvoir travailler (je me retenais de penser que j'aurais bien utilisé ces 2 jours chez moi), je n'avais pas d'endroit où je pouvais juste m'asseoir et réfléchir, tout le temps en mouvement, un peu le sentiment d'être un clodo. C'est dire, le mcdo que je squattait pour le wifi passait de nombreuses musiques que diffusait de façon très rébarbative la télévision française, autant je les détestais il y un mois, autant elles m'apportaient un peu de chaleur et des souvenirs à présent (Comme je hais The Corrs mais les entendre me ramènent toujours au jour d'un fantastique marriage en Ecosse, une terre désormais chère à mes yeux).
Sans prises dans ce flot continu, compressé dans une dimension encadrée dans une autre, marchant sans fin, je les entendait pourtant les notes de piano mais à chaque fois que je me retournais, il n'y avait personne qui chantait "Don't Stop Believing" et me remotiver.

Puis j'ai enfin réussi à localiser une chambre dans un foyer pour étudiants, dispo le lundi qui suivait. Étant seulement jeudi, je ne pouvais plus me résoudre à dormir un jour de plus à l'auberge de jeunesse, il me fallait patienter dans un endroit où je pouvais vraiment me reposer. J'ai trouvé une chambre dans une ferme pour à peu près le même prix.

Quand je dis une ferme, à côté la Roquette c'est une capitale. Il y avait tout, les vaches, l'odeur, une belle chambre en bois grande comme un studio et entièrement équipée, m'offrant une certaine autonomie des plus agréable. Ça m'a vraiment permis d'y voir plus clair et lundi j'ai pu enfin "emménager". Le foyer est tenu par une seule et même famille. 2 sœurs jumelles et handicapés (du genre fauteuil roulant électronique,  visage légèrement difforme, paix à leurs âmes...) s'occupaient de gérer administrativement le foyer et leur maman est en quelque sorte la concierge. Elle, c'est particulier, elle parle comme un mec, pas très aimable d'ailleurs, ça risque de pas le faire longtemps avec elle... D'autres de ses enfants traînent parfois dans les parages, malheureusement pour eux, pas tous "handicapés", c'est un peu le village consanguin de Sheitan tout ça...

Je me suis engagé contractuellement jusqu'à septembre avec une clause libératoire pour août que je compte bien utiliser, je n'ai pas envie d'attendre trop longtemps avant de pouvoir jouir d'une meilleur liberté là où je vis.

Pour mon premier jour au travail (bah oui si je suis ici c'est avant tout et surtout pour ça!) j'étais à la fois super excité et super nerveux. Il fallait donc trouver un moyen de paraître calme, et jaillir de confiance et d'assurance aux yeux des mes employeurs. Il fallait donc que je trouve donc un profil à imiter pour leurrer mes interlocuteurs sur mon réel état d'esprit: Charles Xavier de "X-men First Class". Ce personnage m'a ébloui, il avait tout: charisme, et un regard plein de convictions inébranlables et contagieuses qu'il transmettait au premier contact avec chacun de ses interlocuteurs avec rien qu'en se présentant de la façon la plus simple qui soit: "Bonjour! Charles Xavier, enchanté!" (le charme de l'accent Scottish en moins°.  C'est donc sur ce calque  que je m'apprêtais à faire ma véritable entrée en carrière. Stress et concentration ne font pas bon ménage et des petits dérapages ont survenus, ajoutant à la somme de pression celle du fourire que je luttait pour garder "interne":
"Bonjour! Je m'appelle Charl..Euh Guillome Raymoussin*,euh enchanté!".
(*anonymat face à Google oblige)

D'ailleurs en y repensant, j'étais tellement tendu que je me souviens plus trop de ce que j'ai dit, j'ai bien peur qu'à cause d'un léger oubli de ma part, y en ait au moins un dans l'entreprise qui doit vraiment penser que je m'appelle Charles Xavier... Tant pis.                                               cx
J'ai pu rencontrer un de mes chefs, classe et l'aura solide, il m'a fait une réunion perso pendant une demi-heure m'expliquant ce que j'allais réellement faire (pas de logistique à ma surprise mais quelque chose qui allait me permettre d'être polyvalent au final et d'avoir une plus grande valeur plus tard) avec des termes économiques et managériaux anglais sûrement enseignés lors de grandes études dans ce domaine. Pourtant  mon BTS et moi n'avions pas réellement peur, mais la fatigue, le stress et l'excitation me donnaient envie de dormir devant un discours pourtant si important, j'ai galérer à dissimuler mes envie de bailler, je comprends toujours pas mon métabolisme.

L'endroit est beau, le bâtiment n'est pas très haut mais possède aux moins sept sous-sols dont des douches et vestiaires pour les employés.  J'ai un bureau (espérant qu'il naura un autre destin que celui de ma vieille chambre°, un ordi, plein de trucs pour mettre de la paperasse (je hais gérer la paperasse), des chouettes stylos, un téléphone Cisco ("VCA Guillome Raymoussin bonjour!")...Bref tout est là pour que je me sente hyper bien au boulot, c'est très important.
Le truc le plus important: les salariés ont a disposition une cave entière remplies de caisses de cocacola (celui en bouteille de verre), de jus de fruits et autres boissons... Tout ça gratuit...
"Eh Guillome, c'est déjà le 4ème coca que tu bois là oh!
- C'est pour être plus dynamique au travail, chef!"
Les entrées dans les différents compartiments du bâtiment se font par des portes s'ouvrant avec des serrures magnétiques en passant le badges sur une surface pour activer le mécanisme. Les endroits ont l'on doit passer le badge sont pas toujours clairement indiqués (la sécurité est de mise) et il m'arrive parfois de passe du temps à trouver où je dois badger pour entrer dans une pièce, mais une fois trouvé, un cercle entourant un X apparaît en vert flattant mon ego de geek en me rappelant le logo d'où provient le personnage imité quelques lignes plutôt, j'ai frôlé plusieurs fois l'haimeriche.

Parlons business, ma tache est de gérer des stocks selon les demandes des clients que l'on reçoit avec l'aide (ou du moins par le biais) d'un logiciel assez connu (mais que je connaissais pas). Donc je transfère des marchandises entre ici, l'Europe, la Russie et le Moyen-Orient... Sauf que je connais aucune des procédures pour faire les choses correctement, sachant que vu la valeur des marchandises et l'importance des clients, l'erreur n'est pas une option.
J'essayais donc de glaner un maximum d'informations pour faire au mieux, mais on me donnais des consignes sans queue ni tête, aucune logique, même pas le spectre d'une formation comme convenu au préalable. Ma "marraine" en plus d'être enceinte, avait une sacré tonne de travail effectuer et moi je ne demandais vraiment pas mieux de pouvoir lui en décharger mais je ne pouvais qu'être frustré de ne pas pouvoir en faire autant. Dans l'incompréhension la plus totale face aux consignes qu'on me donnait et bloqué, je regrettais de ne pas pouvoir faire de la GOIE pour laquelle cette année, j'étais passé de nullard à maîtrise totale.

Et je les observais, taffant tranquillement entre ordinateur et téléphone, ça a l'air tellement simple, moi aussi je voulais jouer mais j'avais l'impression qu'on m'en empêchait, la haine me montait, seul le coca me calmait. Déjà instable moralement à cause du logement, je venais au travail avec l'ambition de réussir, de faire qu'une des deux dimensions de mon début de vie soit stable et ce n'était pas le cas.

Puis vint le moment inattendu où mon vieux prof m'envoie un mail juste avant la fin de ma journée de travail, me notifiant de l'obtention de mon BTS accompagné d'une petite phrase qui m'a assez touché. J'ai été pris d'un coup à la gorge, le menton tremblait... La journée terminée, je me suis faufilé dans ma voiture, et j'ai enfin pu relâcher les larmes qui attendaient leur sortie depuis une heure. Cette nouvelle m'a fait vraiment bizarre, c'est pas que je ne croyais pas avoir mon BTS, loin de là sans être vantard mais implicitement ça voulait dire beaucoup de choses. Pas mal de souvenirs ont rejailli dans ma tête, ça m'a fait l'effet d'un "adieu", d'un " ça y est c'est fini", d'un cordon ombilical qui se rompt définitivement. "Tu es pétris de qualités humaines, je te souhaite d'être heureux dans la vie", ou comment un titre de major de promo ou autres mentions n'ont plus aucune valeur. Cette phrase m'a énormément touché et déstabilisé, mais j'était frustré car ça me servais à rien ici pour l'instant. Aah je dois tant à ce BTS, à ces profs, à ces camarades, ils m'ont fait râler souvent, mais ils sont désormais bien présents dans le cercle assez fermé de mon cœur (c'est gay nan?).

Tout ça m'a fait réfléchir. Combien de fois j'avais du gaver mon entourage avec mes désirs de partir, que ça arriverait bientôt, et maintenant que c'est arrivé je chiale et je me plains comme un tapette.
71159_95728645813_4957033_nVisionner les derniers épisode de Friday Night Lights et Glee (et mes idoles Coach Taylor et Will Shuester) m'ont fait comprendre que la vie est rythmée sur la construction et la destruction, c'est ce qui forge un individu et le fait avancer vers une direction plutôt qu'une autre.
Je suis parti pour réussir, il n'y a pas d'autres options et c'est donc à l'image de mes mentors et pour les gens qui croient en moi que, malgré les obstacles qui me rongent moralement et physiquement (j'ai perdu déjà 7 kilos en 2 semaines bien que mangeant pas mal de saloperies pour l'instant), cela n'est rien face à l'édifice que je compte construire, pierre après pierre. Travail, logement...ça sera dur... Qu'importe, un par un, bientôt qu'un lointain souvenir, on en rigolera.



Je suis (définitivement) arrivé en Suisse...et je les perçois enfin.







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Commentaires
D
Espèce de gay, t'as failli me faire pleurer!
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